Personne

[Livret D. Fiala pour CD de l'ensemble Vox Cantoris, J.C. Candau, Ecce Panis Angelorum, Jeahn dit Hotinet Barra, Missa de Venerabili Sacramento, 2025)

La carrière de ce chanteur et compositeur du début du XVI^e siècle, probablement né vers 1490, se déroula entre la Sainte-Chapelle de Paris et diverses églises de province.

Le 23 novembre 1510, « Jehan Barat, haute-contre » est reçu comme chanteur de la Sainte-Chapelle de Paris « aux gaiges de clercs », puis est encore cité comme gagiste le 22 mai 1512, date à laquelle il est payé de ses distributions bien qu’il ait été malade pendant trois semaines. Cependant, moins de dix jours après, le 31 mai, « Maistre Jean Barra dit Hutinet », sans aucun doute le même qui semble donc s’être fait porter pâle à la Sainte-Chapelle tout en négociant un nouvel emploi, est engagé comme maître de la psallette de la cathédrale de Langres. Il conserve cette charge au moins jusqu’au 24 juillet 1514, lorsqu’il renouvelle son serment, et pourrait être resté à Langres au moins jusqu’en 1519. Appelé « Hanotin Barra », il réintègre néanmoins la Sainte-Chapelle de Paris le 25 octobre 1523, cette fois aux gages plus élevés de chapelain.

Rien n’était connu de ses activités ultérieures jusqu’à de nouvelles investigations récentes. Il apparaît aujourd’hui qu’à la demande du chapitre de la Sainte-Chapelle de Dijon, il dirigea la maîtrise de cette église à partir de novembre 1528. Le 9 de ce mois les chanoines versent d’abord 20 livres « au maistre des enffens d’aulbe de ladicte eglise, qu’ilz ont fait venir de Paris en deduction de ses gaiges » ; son nom apparaît peu après dans la documentation. Il succède donc au précédent maître des enfants, Jean de Vendenesse, après le passage manifestement insatisfaisant, en mars 1528, du maître des enfants de Saint-Pierre de Mâcon, dont le nom est inconnu. Il est ensuite régulièrement cité comme « maistre des enffens d’aulbe » de la Sainte-Chapelle de Dijon jusqu’au 14 juillet 1531, quand il reçoit 15 livres pour « ses mois de juing et juillet dudit an et sa robe pour unze mois ». Il abandonna sa charge peu de temps après puisque le 19 août 1531, « maistre Hotinet Barra, jadis maistre des enffens d’aulbe » signe une reconnaissance de dettes de « 82 l. 10s. t., pour les bledz et vin que luy avoient esté avancez ». Le 1^er septembre 1531, les chanoines soldent une de ses dettes d’un montant de 10 l. 10 s. t. pour laquelle il avait laissé « certains meubles inventoriez et estans de l’inventoire des meubles desdits enffens ». Ses dettes envers le chapitre courent au moins jusqu’en 1535, lorsque Jean de Vendenesse effectue un versement à la fabrique « pour et [au] nom de maistre Hotinet Barrat, jadis maistre des enffens d’aubes de ladite eglise ». Au plus tard en 1532, il fut remplacé comme maître des enfants de la Sainte-Chapelle de Dijon par le ténoriste Simon Chaffault.

Il quitta probablement Dijon pour occuper le poste de maître des enfants de chœur à l’église paroissiale de Gisors, dans le Vexin Normand, où est cité en 1533 « maistre Hotinet de Barra, curé de Courcelles près Pontoise et de Neaufles près Gisors ». Malgré l’éloignement, il conserve des intérêts à la Sainte-Chapelle de Dijon au travers de la chapellenie de Bar (fondée par René d’Anjou) qu’il détient, manifestement in absentia, depuis le 1^er juillet 1530, et où étaient fondées quatre messes (basses) hebdomadaires. Le 14 mai 1538, il rend compte de 1643 messes (avec un déficit de 21 messes) célébrées entre le 1^er juillet 1530 et le 30 juin 1538, mais ces fonctions sont remplies par d’autres prêtres de la Sainte-Chapelle jusqu’en 1549, date à laquelle il est toujours en vie mais sa localisation et ses activités inconnues. Sa mort intervint en 1550, quand un autre chapelain de l’église hérita de la chapellenie « que soloit tenir feu maistre Hotinet Barra ». Plusieurs de ses signatures manuscrites conservées dans ces registres attestent de la graphie de son nom sous la forme « Hotinet Barra ».