Person

Chapelle pontificale, 1488-1501
Il figure sur toutes les listes mensuelles des chantres de la chapelle pontificale de juin 1488 à mars 1494 et servit probablement en continu jusqu'en novembre 1501. Bien que les listes manquent de mars 1494 à décembre 1500, on peut admettre qu'il servit en continu, dans la mesure où il est toujours présent dès que les listes sont à nouveau disponibles, à partir de janvier 1501. En 1501, sa présence fut apparemment très intermittente: son nom est rayé sur la liste de janvier mais il est bien compté (la liste de février manque); il est recensé mais n'est pas compté sur les listes de mars, avril et mai, son nom étant précédé d'une croix dans la liste de mars; son nom manque sur les listes de juin, octobre et décembre, la liste de novembre 1501 offrant donc sa dernière mention dans la chapelle pontificale (Sherr 1975, Table 1, p. 25-42). Deux provisions de bénéfices le qualifient de clerc et prêtre du diocèse de Châlons-en-Champagne, la première lui attribuant un bénéfice situé dans les diocèses de Toul ou Verdun. L'ajout d'une croix à côté de son nom sur la liste de mars 1501 et sa présence fluctuante sur toute les listes de l'année indique qu'il était absent et peut-être même déjà décédé (les héritiers d'un chantre décédé pouvant parfois collecter son salaire pendant encore quelques mois). Son décès n'est finalement explicitement signalé que par la provision, en date du 17.5.1502, des canonicat et prébende de Narbonne vacants par sa mort hors de la curie romaine (Litterick 1998, p. 241-243, qui cite les informations tirées des provisions de bénéfices d'après des communications privées de Jeremy Noble, sans date ni référence d'archives; l'introduction de B. Hudson à l'édition CMM 87, p. XII, signale en outre une lettre du 16.6.1502 à Marturiano Prats qui mentionne le transfert de son bénéfice).

Au début de l'année 1497, il avait fait un séjour à Milan, dont atteste un saufconduit en date du 4.3.1497 au nom de Giovanni Petit, chantre du pape, se rendant à Rome, valable pour un mois et trois personnes (Motta 1887, p. 524).

Lettre autographe à Piero de' Medici, 1493 (ou 1494)
On conserve de sa main une lettre autographe (texte original et traduction anglaise ci-dessous, numérisation en ligne) adressée à Pierre de Médicis le 16 février d'une année non précisée, qui doit être 1493 ou, moins probablement, 1494 (justification dans CMM 87, p. XII). Dans cette lettre, il décline une invitation à venir à Florence et motive son refus en expliquant qu'il attend encore du pape ce qu'il espérait obtenir en venant à son service: des bénéfices dans son pays d'origine lui garantissant un revenu pour ses vieux jours. Il précise qu'il sert déjà depuis cinq ans dans la chapelle pontificale et que, comme le pape l'a récemment informé, lui et ses compagnons, qu'il comptait récompenser leur service de sorte à les satisfaire, il préfère continuer à servir jusqu'à obtention de cette récompense. L'information selon laquelle il sert la chapelle pontificale depuis cinq ans et l'annotation de réception de la lettre, qui indique "149" sans le dernier chiffre, invite à confirmer la datation de la lettre en 1493.

Identification erronée avec Ninot Le Petit
Ce chantre a longtemps été identifié au compositeur Ninot Le Petit, notamment dans l'introduction de l'édition des œuvres complètes de ce dernier, CMM 87, parue en 1979. L'hypothèse est désormais généralement rejetée, notamment depuis une synthèse publiée par L. Litterick en 1998. Dans la mesure où l'identification de Ninot Le Petit avec le Jean Le Petit* actif à Langres à partir de 1506 ne peut souffrir de constestation, il faut en effet définitivement admettre que Jean Baltazar n'a rien à voir avec Ninot Le Petit.

-- Lettre de Jean Petit alias Baltazar à Pierre de Médicis, 16.2.149… [1493 ou 1494] --
I-ASF, Arch. Med. Av. Pr., XVI, 369, numérisation en ligne

[v°, adresse:] A mon treshonoré et magnifique Seigneur Pierre de Medicis
[v° reception :] <rayé: 149> da Roma, da un cantore a di .14. di marzo

Monseigneur, je me recommande treshumblement a vostre bonne grace. J’ay receu les lettres qu’il vous a pleu m’escrire par lesquelles me faictes de vostre benigne grace des grandes et bonnes offres et promesses assez plus que ma personne ne merite moiennant que je me delibere de aller resider en vostre chapelle a Florence, dont je ne vous sauroit vous randre suffisantes graces. Monseigneur, vous plaise scavoir que jamés ne fusse venu en ceste court si non sur espoir de obtenir aucun benefice au pais dont je suis natif pour aider a entretenir mon estat a l’eure qu’il sera temps que je me repose de chanter et laiser jeunesse. Il m’a esté offert plusieurs foiz en diverses chapelles asses plus grant salaire que je n’ay par decha mais jamés ne l’ay voulu accepter, car il m’est fort greff me partir hors de Romme sans en rapporter quelque fruict, considéré que je y ay esté resident l’espace de cinq ans et je m’y suis aucunement habitué, aussi le pape puis peu de jours ença a dit a mes compaignons et a moy qu’il entendoit nous pourvoir par telle maniere que nous que nous deuvrons estre contens. Plaise a dieu que de brief sa promesse puisse sortir effect, car si j’avoie aucune provision ainsi que je desire, il n’y a service de prince ne autre seigneur ou je voudroie plutost me submectre que au vostre en vous certifiant que toute ma vie suis et seray vostre humble et loyal serviteur, vous suppliant qu’i vous plaise m’avoir pour excuse que je ne vous ay escript plus tost ung point m’a fait gardé la maison viii jours bien malade. Monseigneur, je vous prie reputés moy tousjours estre en vostre grace. En me recommandant voz bons plaisirs pour les acomplir a ma puissance a l’aide de dieu, au quel je prie monsiegneur qu’i vous doient entier accomplissement de voz nobles et excellens desirs. Escript a Romme ce xvi^e de fevrier

Vostre treshumble serviteur J. Petit alias Baltazar, chantre de N. S. pere

-- Translation, D'accone 1961, p. 345 --
MY LORD, I COMMEND MYSELF MOST HUMBLY TO YOUR GOOD GRACE!
I have received the letters which it pleased you to write me [and] by which you let me know of your kind grace [and] of the great and good offers and promises-which are more than I merit-to the effect that I should come to reside in your chapel at Florence, for which I do not know how to thank you enough. My Lord, may it please you to know that I would have never come to this court if I had not had the hope of obtaining some benefice in my native land, [and that] in order to help me provide for myself when it is time for me to cease singing and leave youth. On several occasions I have been offered by different chapels a much larger salary than what I have here, but I have never wanted to accept because it would grieve me greatly to leave Rome without obtaining some considerable advantage, the more so since I have been resident here now for five years and have somehow got used to it. Also, a few days ago the Pope told my associates and me that he intended to provide for us in a way that would make us happy. May it please God, in short, that he keep his promise, because if I had a provision such as I would like, there is no other prince nor other lord to whom I would rather submit myself than to you....